Echange avec Julien Simon, chargé de prescription et promotion chez Cemex, carrier engagé dans la filière terre crue.
Je m’appelle Julien Simon, je travaille sur les carrières de l’entreprise Cemex, notamment la carrière d’Oytier Saint-Oblas située près de Lyon.
Je suis originaire du Nord de l’Isère. Cette région présente un important et riche patrimoine en terre crue. On y trouve beaucoup de murets, de vieilles bâtisses et des corps de ferme en Pisé. Je pense que mon intérêt pour la construction terre doit venir en partie de là. Je suis également sensible aux impacts humains et écologiques positifs de la terre crue.
« Les chantiers terre crue sont des lieux de vie, des lieux d’échanges… »
L’objectif initial de nos carrières est la production (extraction puis préparation) de granulats (graves, graviers, sables…) destinés à la fabrication des bétons de CEMEX. Nous utilisons le ciment produit par Vicat, car CEMEX n’a pas développé son activité de cimentier sur le territoire français. Nous avons également une activité de décharge, pour les terres excavées issues des chantiers de construction.
« En tant que carrier nous disposons d’une ressource terre intéressante, mais nous ne savons pas toujours comment bien l’exploiter… »
Depuis plusieurs années, je tente de développer une activité de fournisseur de terre pour la construction en terre crue au sein de Cemex. Ca n’a pas été simple… Au début, j’ai senti que le scepticisme de mes collègues et de mes supérieurs. Ma position était décalée comparée à la culture béton et cimentière de l’entreprise. Cependant je n’ai rien lâché : j’étais (et je suis) convaincu que les carrières ont un rôle à jouer dans le développement de la filière terre crue et le réemploi des terres !
« À présent, je sens un vrai engouement pour le matériau terre au sein de Cemex ! »
Je perçois maintenant une vraie dynamique et une vraie écoute de la part de nos dirigeants. La demande croissante en matériau terre crue, caractérisé et prêt à l’emploi, nous motive à développer une expertise et un service de qualité. Notre volonté de plus en plus marquée de décarboner nos activités agit également comme un catalyseur.
« Aujourd’hui plus de 80% de mon activité au sein de Cemex est liée à la terre crue. »
Je fournis aujourd’hui de nombreux chantiers sur tout le territoire français. Entre la terre de nos propres carrières et les terres excavées en provenance des chantiers alentours, nous disposons de ressources intéressantes. Dans un premier temps, nous réalisons une pré analyse pour nous assurer que les terres ne sont pas polluées. Ensuite, nous effectuons des essais de valeur au bleu et une granulométrie. Cela nous donne une idée des mises en œuvre compatibles avec les terres disponibles.
« La demande en terre ne cesse de croître ! »
Il me semble important de continuer à sensibiliser et former les autres carriers : toucher les bonnes personnes, développer leur curiosité et leur intérêt pour le matériau… L’un de mes objectifs pour 2023 est de créer une cartographie afin de référencer l’ensemble de nos carrières et leurs ressources en terres. L’idéal serait qu’elle puisse être mise à jour en temps réel pour informer les constructeur des ressources réellement disponibles au plus proche de chez eux!
Nous avons aussi la volonté de récupérer et valoriser les « boues » de carrières : les fines argileuses issues du lavages des granulats. Actuellement, elles sont utilisées dans la formulation de couches imperméables sur nos sites. Lors de la phase de réaménagement post-exploitation, ces couches permettent de limiter les problèmes liés aux remontés des nappes phréatiques. Je suis sûr que nous pourrions les valoriser autrement, sous forme d’enduits ou de mortiers par exemple.
L’année 2023 s’annonce pleine de défis et de belles perspectives !
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Des articles pour mieux comprendre, et aller plus loin…
- Qu’est ce que la terre crue ?
- Pourquoi la terre crue est une alliée de la construction durable ?
- Terres excavées de chantier : une ressource à valoriser !
