Comprendre la terre crue : approche « matériau » ou « performancielle » ?

Cet article fait partie d’un ensemble d’articles sur la convenance de terres pour la construction que vous retrouverez sur le blog grâce au tag « comprendre la terre crue ». Cet ensemble traite des différents approches concernant les essais possibles ou/et nécessaires sur la terre à votre disposition.

 

Avant de construire en terre crue, des questions se posent souvent sur le matériau : Comment trouver de la terre crue ? Est-ce que je peux construire avec cette terre ? Comment est-ce que je peux l’intégrer dans mon projet de construction ?

Pour cette dernière question, on peut réaliser des essais avant le chantier :

  • soit sur la matière première, sur le terrain ou en laboratoire.
  • soit sur des éléments mis en œuvre.

Ces essais peuvent aider à garantir la qualité de l’ouvrage futur. Mais, ils ne sont pas toujours indispensables et dépendent surtout de la complexité du chantier et de l’exposition du site par exemple aux risques  climatiques, sismiques, ….

Il existe deux approches :

  1. l’approche « matériau »
  2. l’approche « performancielle » .

Essais sur la terre crue : l’approche « matériau »

L’approche

Dans cette approche, on cherche à déterminer la nature et les propriétés de la terre elle-même pour en déduire des informations sur les éléments finaux qui seront mis en œuvre : brique, mur, enduit, ….

Cette approche rentre dans un travail qu’on appelle la « convenance » des terres, c’est-à-dire la compatibilité des terres avec certaines techniques de mise en œuvre, comme par exemple le pisé ou le torchis.

Les connaissances empiriques dont nous disposons, portées principalement par les maçons terre, mettent en avant que certains types de terre sont mieux adaptées à certaines techniques (pisé, bauge, torchis, …), en fonction de leur granulométrie, de leur plasticité, etc.

Elles sont alors préférables car plus faciles à mettre en œuvre ou plus propres à garantir des performances « optimales » pour l’ouvrage final.

Attention, cela ne signifie pas qu’une autre terre ne pourrait pas convenir ! La seule façon de le savoir est en réalité de mettre en œuvre cette terre selon la technique souhaitée et donc de réaliser des essais dits « performanciels » (cf chapitre suivant).

Les essais

Il existe des essais de laboratoire ainsi que des essais dits « sensoriels ». Voir nos 2 articles qui les détaillent :

 

Notes et critiques sur l’approche matériau :

La question de la « convenance » des terres est un sujet très complexe et soumis à débat, car il n’existe aujourd’hui pas suffisamment de données scientifiques à ce sujet permettant d’établir des corrélations entre le nature du matériaux (à l’échelle microscopique notamment) et ses propriétés et performances finales.

Cette approche « matériau » est également critiquée en raison de la grande hétérogénéité du matériau « terre ». En effet, sur un même site la ressource terre peut varier en fonction de la zone et de la profondeur d’extraction par exemple.

 

Essais sur la terre crue : l’approche « performancielle »

L’approche

A travers cette approche, on cherche à déterminer les performances finales d’un élément (muret, brique, cylindre d’essai …) mis en œuvre conformément au programme du chantier à venir.

Les performances testées sont nombreuses, par exemple résistance à la compression, au cisaillement, à l’eau, à l’érosion, au risque de gel-dégel, …

Pour certains essais mécaniques tels que l’essai de compression simple – souvent le plus dimensionnant pour un ouvrage – la question du changement d’échelle entre le mur réel et l’échantillon testé en laboratoire soulève beaucoup de questionnements.

Les essais

On se tournera souvent vers des essais de laboratoire pour avoir des résultats quantitatifs.

Cependant, certaines performances (résistance à l’eau, à l’érosion de surface…) peuvent être appréhendées qualitativement par des essais de terrains menés directement sur de petits échantillons mis en œuvre sur chantier.

La réalisation et l’interprétation de ces essais sont à la charge des professionnels compétents : maçon terre pour les essais « sensoriels » et « de terrain », ingénieurs ou techniciens de laboratoire pour les essais de laboratoire.

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