En France on retrouve des références au Pisé dès le XIIème siècle. Cette technique de mise en œuvre est courante en campagne jusqu’à la fin du XIXe. Après la 2nd guerre mondiale elle décline jusqu’à être presque totalement abandonnée. Aujourd’hui, le pisé suscite de nouveau l’intérêt des constructeurs. Cela peut s’expliquer par une meilleure conscience des défis environnementaux et par l’intérêt grandissant des professionnels du bâtiment pour les matériaux écologiques comme la terre crue.
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Définition du pisé
Le pisé est une technique de construction en terre crue. Cela signifie que la terre est le seul matériau utilisé. Lorsque la terre est mélangé à un liant autre que l’argile, comme la chaux ou le ciment, on parle de pisé « stabilisé » ou « adjuvanté ».
Le Guide de Bonnes Pratiques de la terre crue définit le pisé selon 3 critères indissociables:
« • Une terre humide, généralement sans éléments végétaux
• La mise en place de cette terre par couches de hauteur régulière dans un coffrage rigide et stable
• Un compactage dynamique régulier, ou damage, exercé à l’aide d’un outil [le pisoir] manuel ou mécanique. »
2. Propriétés thermiques du pisé
- Forte inertie thermique : le pisé est capable de stocker de la chaleur et pourra la restituer progressivement si la température vient à baisser. Cela permet d’éviter des changements trop brusques de température et d’améliorer le confort intérieur.
- Diffusivité thermique élevée: soit la capacité d’un matériau à transmettre plus ou moins rapidement une variation de température. Cela signifie que la chaleur se déplace rapidement à travers la masse d’un mur en terre, ce qui agit comme un bon régulateur de température.
- Conductivité thermique relativement élevée: soit la capacité d’un matériau à conduire la chaleur. Plus cette valeur est faible, plus le matériau est isolant. Cependant la capacité isolante d’un matériau dépend aussi de son épaisseur. Les éléments en pisé étant très épais (généralement plusieurs dizaines de cm) la terre peut participer à l’isolation du mur.
Quelques valeurs : la conductivité thermique du pisé se situe environ entre 0.5 et 0.8 W/m.K. En comparaison celle du béton armé est proche de 1.7 W/m.K, celui de la fibre de bois est d’environ 0.04 W/m.K et celui de la laine de verre proche de 0.03 W/m.K.
- Excellente régulation de l’humidité : le pisé, comme les autres éléments en terre crue, est capable de retenir ou de relâcher de la vapeur d’eau, ce qui en fait un bon régulateur d’humidité. On dit familièrement que le mur « respire ».
3. Propriétés mécaniques du pisé
- Masse volumique et densité élevées : entre 1400 et 2000 kg/m3 (soit une densité de 1.4 à 2). En comparaison le béton de ciment à une masse volumique aux alentours de 2500 kg/m3. La densité est directement corrélée avec la résistance mécanique en compression : plus la densité est importante, plus la résistance à la compression est élevée.
- Bonne résistance à la compression : entre 0.9 et 1.7 MPa, parfois un peu plus selon les spécificités de la mise en œuvre. Les murs en pisé peuvent donc être porteurs (= supporter les charges mécaniques) pour des bâtiments pouvant aller jusqu’à quelques étages !
- Faible résistance à la traction : correspond à environ 1/10e de la résistance en compression de l’élément. Cela implique que le pisé est sensible au cisaillement et aux charges ponctuelles / à la concentration de contraintes, ainsi qu’à l’arrachement et à l’abrasion.
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Pour aller plus loin :
- Comment faire du pisé ?
Des articles pour mieux comprendre :