Léo Dine et Léane Foucault, étudiantes architectes et « alternatives-trotteuses » 

30 minutes avec… Léo Dine et Léane Foucault, étudiantes architectes et alternatives-trotteuses, après leur tour de France des matériaux durables.

Léo Dine et Léane Foucault

Nous sommes Léo et Léane, étudiantes en école d’architecture et porteuses d’un projet de sensibilisation aux matériaux bio et géo-sourcés, et au réemploi. 

« Nous avions le sentiment désagréable que notre formation ne nous avait pas suffisamment formées à ces sujets »

Nous nous sommes rencontrées à l’école d’architecture de Paris Malaquais. A la fin de notre licence, nous avions toutes les deux le sentiment d’avoir de très grosses lacunes dans le domaine des matériaux : réemploi, matériaux biosourcés et matériaux géosourcés…

Nous avions le sentiment désagréable que notre formation ne nous avait pas suffisamment formées à ces sujets et aux enjeux auxquels ils doivent répondre.

Nous avons donc pris la décision de prendre toutes les deux une année de césure : entre août 2020 et Mars 2021 nous nous sommes lancées dans un tour de France pour aller à la rencontre des acteurs concernés et engagés dans ces filières.

Ça a été un voyage magnifique, riche en rencontre et en apprentissage.

« En fait, nous voulions créer les supports de formation que nous aurions rêvé d’avoir nous »

Notre objectif était de réaliser un ensemble d’interviews et de court-métrages à but éducatif. Nous voulions aborder l’aspect technique de ces matériaux, mais l’idée était aussi et surtout de comprendre les enjeux de ces filières et de l’écoconstruction de façon plus large.

Nous voulions pouvoir diffuser ces court-métrages gratuitement et largement, notamment auprès des étudiants des écoles d’architecture et d’ingénierie qui sont si peu sensibilisés sur ces thématiques… En fait, nous voulions créer les supports de formation que nous aurions rêvé d’avoir, nous, lorsque nous avons débuté nos études.

Le voyage est à présent fini (soupir) et nous sommes retournées sur les bancs de l’école (soupir). Nous avons déjà « dérushé » les très nombreuses heures d’interviews filmées durant le périple.

Nous travaillons actuellement sur le script de la partie « paille » en vue de pouvoir créer de petits contenus pédagogiques animés…mais avec le master en parallèle c’est franchement compliqué de tout concilier.

On sait qu’on va aller au bout de ce projet, mais il faudra peut-être attendre quelques années avant qu’il voie enfin le jour dans sa version finale…

« En 6 mois de voyage on a appris plus qu’en 3 ans d’école ! »

Ce voyage nous a énormément marquées : on a rencontré des gens incroyables qui nous ont beaucoup transmis. Des gens profondément investis dans leur domaine, parfois carrément « jusqu’au boutistes » dans leur démarche, qui nous ont appris des choses essentielles à la place de l’école. Bref, des gens très inspirants !

Ce voyage nous a donné un incroyable coup de boost, plein d’espoir et plein d’envies pour la suite ! (rires) Et puis toutes ces expériences c’est un atout magnifique pour la suite de nos parcours : en 6 mois de voyage on a appris plus qu’en 3 ans d’école !

Et puis, au-delà des rencontres, il y avait les chantiers, la pratique (enfin !) Ça nous a fait énormément de bien de pouvoir toucher, manipuler et mettre en œuvre la matière : cela permet d’acquérir une compréhension infiniment plus dense et complexe des matériaux, plus sensorielle, plus vraie !

« Comprendre cette matière, et les enjeux qu’il y a autour, ça ne devrait pas être une option »

Comprendre cette matière, et les enjeux qu’il y a autour, ça ne devrait pas être une option… Durant les études nous en sommes totalement déconnectés. Ça entraine des situations absurdes et écologiquement dangereuses une fois que l’on rentre dans la vie active…

Par exemple des architectes qui choisissent un certain parquet bois parce qu’ils le trouvent joli : sans prendre en considération qu’il vient de l’autre bout du monde, que la ressource en bois a été gérée n’importe comment, que le matériau a été par la suite hyper-transformé et que l’impact carbone est catastrophique.. et bien il y en a plein ! Trop…

Ce voyage nous a fait rencontrer des profils extrêmement divers, tous intéressants. On a parfois « découvert » des pratiques qui tombent sous le sens, mais qui ne sont pourtant pas couramment appliquées en France sur les projets de construction.

« Elle nous a appris le concept de conception intégrée »

On pense par exemple à une architecte-urbaniste de Nantes, très inspirante. Elle venait du Canada, donc pour elle les notions du type « Cradle to Cradle » sont normales et évidentes…

Elle nous a appris le concept de « conception intégrée ». L’idée est très simple : on réunit en tout début de chantier tous les acteurs du projet autour d’une table pour qu’ils se rencontrent et apprennent à travailler ensemble en bonne intelligence. Simple, et incroyablement efficace !

Par exemple, elle nous a raconté qu’une fois lors d’un début de projet les concepteurs s’arrachaient les cheveux sur les plans du chantier. Ils devaient faire livrer des matériaux avec un poids lourd mais c’était un bazar pas possible.

Bloquée, l’archi a profité du passage du conducteur-livreur du camion pour le faire intervenir et regarder les plans. Il a immédiatement vu ce qui ne fonctionnait pas : il a expliqué les manœuvres qui allaient être nécessaires à la livraison et toutes ces intelligences réunies ont pu corriger les plans.

Mince, la nouvelle configuration empiétait légèrement sur la parcelle du voisin… pas de souci ! L’archi est sorti du bureau à la rencontre du voisin, et ils ont trouvé un terrain d’entente : problème résolu en un temps record ! (rire)

Voilà : en allant à la rencontre des gens et en dialoguant en bonne intelligence on gagne un temps fou ! Intéressant, non ?

 

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