Véronique Aviat, une folle aventure de rénovation écologique

Echange avec Véronique Aviat, déléguée de la Marne pour Maisons Paysannes de France : elle nous parle de son parcours, de sa rencontre avec l’association et son projet de rénovation d’un corps de ferme du XVIIe siècle.

Véronique Aviat, déléguée générale de la Marne pour Maisons Paysannes de France et engagé dans un projet de rénovation ambitieux.

Je m’appelle Véronique Aviat. Je suis déléguée Maisons Paysannes de France de la Marne depuis 2008. En 2013, j’ai démarré près de chez moi la rénovation « pédagogique » d’un corps de ferme du XVIIe siècle en pans de bois et en torchis.

 » En faisant ce choix de vie avec ma famille, d’une certaine façon, nous avons fait de la décroissance ! « 

J’ai démarré ma carrière dans l’informatique, plus précisément dans l’industrie. C’était alors un domaine bien éloigné du monde de l’écoconstruction que je côtoie aujourd’hui.

Suite à un burn-out, je me suis installée avec mes enfants et mon conjoint dans notre maison familiale, dans la Marne. C’était en 1997.

A cette période, j’ai fait le choix de quitter mon emploi pour m’occuper de mes enfants, les élever pour en faire des citoyens conscients, prendre mon temps, enfin, et m’investir dans des activités bénévoles.

Nous sommes passés de 2 à 1 salaire, il a fallu assumer ce choix. Je ne l’ai aucunement regretté. D’une certaine façon, nous avons fait de la décroissance ! (rire)

 » J’ai appris la technique du torchis grâce à l’association Maisons Paysannes de France. « 

Après mon aménagement, j’ai contacté l’association Maisons Paysannes de France pour demander une consultation gratuite de ma maison familiale, une bâtisse en pans de bois et torchis.

J’ai ainsi pu rencontrer le délégué de la Marne de l’époque. Nous avons beaucoup discuté, leurs activités m’intéressaient. Avec l’association j’ai mis les mains dans la terre pour la première fois, pour rénover le torchis de ma maison, c’était une très belle rencontre!

Je suis restée proche de l’association pendant des années, et lorsque l’ancien délégué m’a proposé de reprendre le flambeau en 2008 j’ai accepté.

 » Je ne pouvais pas me faire à l’idée que ce bâtiment soit détruit, alors je me suis engagée dans cette folle aventure de rénovation ! « 

Depuis 2013, parmi d’autres activités, j’accompagne de loin un chantier de rénovation près de chez moi.

C’est un vieux corps de ferme en pans de chêne et en terre crue pour le torchis et les enduits. Il date environ du XVIIe siècle !

Ce bâtiment devait initialement être démoli par le propriétaire du terrain qui souhaitait se débarrasser de la ruine pour construire du neuf. Ça m’a révolté de voir, une fois de trop, un bout de notre patrimoine condamné à la destruction et à l’oubli (soupir)

Cela m’a poussée à m’engager dans une folle aventure : j’ai fait intégralement démonter la structure bois par un compagnon maçon qui l’a remontée à l’identique près de chez moi, à 80 km du site d’origine !

J’ai instruit moi-même le permis de construire. C’était amusant, j’ai dû déclarer dans le permis de construire la construction d’une maison « neuve », alors qu’elle a plus de 200 ans ! (rire)

 » Le plus important, c’est que ce lieu vive ! « 

La rénovation du corps de ferme en logement est en cours. L’objectif principal n’est pas réellement de rendre ce lieu habitable, même si cela sera sûrement le cas un jour.

Je ne suis pas pressée.

Ce lieu est surtout un conservatoire de savoir-faire patrimoniaux, un lieu d’échange et de transmissions autour des méthodes de construction rurales de la Marne : carreaux de terre, torchis, enduits…

Il ne faut pas que toute cette richesse tombe dans l’oubli, ce serait trop triste…

Il y a un peu plus d’un an, j’ai rencontré l’association rémoise « Des idées plein la terre«  et le maçon Adrien Aras. Aujourd’hui, ils utilisent régulièrement le lieu pour proposer des ateliers pédagogiques de découverte.

J’en suis très heureuse. On a besoin de belles initiatives comme les leurs ! (sourire)

 » En nous reconnectant à nos racines, on allie les luttes en faveur de l’écologie et du patrimoine. « 

Avant, la lutte pour la préservation et l’entretien du patrimoine rural passait facilement pour quelque chose d’un peu folklorique

A présent, l’attraction grandissante pour l’éco-construction bénéficie aussi à ce patrimoine qui intrigue d’avantage de gens.

Je perçois un bel intérêt, chez certains jeunes de la nouvelle génération, pour les pratiques écologiques souvent inspirées des anciennes pratiques traditionnelles !

On allie ainsi les luttes en faveur de l’écologie et du patrimoine : en se reconnectant à nos racines, on respecte à la fois les gens du passé, et les gens du futur. (sourire)

 

 

 

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