Adrien Aras, architecte solidaire et maçon terre crue

30 minutes avec Adrien Aras, architecte, maçon terre crue et militant pour une construction plus solidaire et écologique.Adrien Aras, architecte et maçon terre crue

Je m’appelle Adrien Aras. J’ai une triple casquette d’architecte, maçon terre crue, et aujourd’hui en thèse sur les architectures en terre crue.

« Cela m’a incité à remettre profondément en question la notion d’écologie dans le secteur du bâtiment. »

Après un bac scientifique j’ai suivi des études d’architecture à Paris. A cette époque je pensais qu’en tant qu’architecte je pourrais améliorer les conditions de vie dans les banlieues…mon père est du 93, ma motivation venait sûrement de là.

J’ai eu la chance d’avoir des enseignants intéressés et intéressants, et je suis parti aux Philippines pour un échange passionnant : travailler avec une association locale sur le relogement des personnes en grande précarité …

Toutes mes études la question sociale a naturellement été au centre de mes réflexions, mais j’ai également toujours choisi les cours portant sur la question du développement durable.

Cependant, vers la fin de mon cursus j’ai découvert les chantiers participatifs bois – terre – paille. Je me suis retrouvé immergé dans des groupes de personnes qui en connaissaient au moins dix fois plus que moi sur la construction écologique, par expérience ou parce qu’ils avaient lu tous les livres existants sur le sujet.

Cela m’a incité à remettre profondément en question la notion d’écologie dans le secteur du bâtiment.

« J’ai arrêté ma HMO* et j’ai décidé que je ne voulais plus y donner une seule seconde de mon temps. »

Une fois diplômé, j’ai travaillé durant 3 ans dans une agence d’architecture. A force de rester assis tous les jours derrière mon bureau à dessiner des traits qui deviendraient des murs en béton armé et d’avoir au bout du fil des promoteurs construisant une ville dont je ne voulais pas, j’en ai eu ras le bol.

J’ai arrêté ma HMO* et j’ai décidé que je ne voulais plus y donner une seule seconde de mon temps. Je suis parti cinq mois en vélo à travers la France pour faire des chantiers participatifs.

Un jour, j’ai rencontré le directeur du centre de formation « Noria et Cie » à St Nicolas de Redon. J’ai décidé d’y suivre une formation de « Coordinateur en rénovation écologique et solidaire » et j’ai tout de suite enchainé avec une formation de « Maçon terre crue ».

« Nous avons décidé de monter un projet solidaire de briqueterie terre crue »

Cette période a été très intéressante sur le plan de l’engagement social et politique, car St Nicolas de Redon avait un tissu associatif très riche !

Avec des amis nous avons notamment créé l’association « Chantier ! ». J’étais également en colocation avec une amie qui travaillait dans l’accueil et l’accompagnement de personnes sans droits de tous profils.

« Il faudrait qu’ils puissent travailler pour être rémunérés et retrouver un peu de dignité… » répétait-elle, c’était un point critique indispensable à l’amélioration de leurs conditions.

C’est à ce moment-là que nous avons décidé de monter un projet solidaire de « Briqueterie terre crue d’insertion ».

« Je veux retrouver le territoire qui m’a vu grandir. »

Aujourd’hui je me suis engagé dans de nouvelles activités. Je suis le projet de loin, mais il continue de fonctionner et il a même récemment été intégré à la communauté Emmaüs !

De mon côté, après toutes ces années de formation et d’associatif j’ai eu envie de me rapprocher de ma famille et de mon territoire d’origine : la Marne.

Ma mère et mon grand-père m’ont élevé. Même si j’étais soulagé après le bac de quitter ma région pour découvrir d’autres dynamiques, je ressens à présent le besoin de retrouver mes racines. Je veux questionner les liens de sang et de cœur qui me relient à ce lieu.

Ce lieu a un immense patrimoine en terre crue et je me suis engagé dans une thèse sur le sujet : « Le patrimoine de terre crue en Champagne comme source d’inspiration pour la transition écologique : architectures vernaculaires et valorisation des matériaux locaux. »

Après un départ qui a été pour moi nécessaire, je veux à présent m’intéresser et comprendre cet endroit. Je veux retrouver le territoire qui m’a vu grandir.

 

*L’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP) est une formation qui permet aux candidats de s’orienter vers un parcours professionnel les menant à assumer les responsabilités de l’architecte en tant qu’auteur de son projet architectural.

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