Construire en pisé : précautions et réglementation

Le pisé est une technique de construction en terre crue. Elle consiste à compacter de façon dynamique à l’aide d’un pisoir des couches de terre humide de hauteur régulière. Les éléments en pisé sont porteurs, c’est à dire qu’ils supportent les charges mécaniques du bâtiment qui peut parfois faire plusieurs étages.

Cette technique est présente en France, notamment dans la région Rhône-Alpes qui possède un important patrimoine en pisé. Majoritairement concentrées dans les zones rurales, les constructions en pisé sont également présentes dans certains centres urbains. On peut par exemple cité la Croix-rousse lyonnaise, Tassin, Saint-Just… De nombreux bâtiments en pisé sont aujourd’hui encore habités, souvent à l’insu des habitants puisque le pisé est rarement visible en ville !

La durabilité du pisé est souvent (à tord!) critiquée. En effet certaines habitations en terre ont aujourd’hui plusieurs siècle : à Lyon par exemple certains bâtiments datent du XVIIIe siècle. Il est important de garder en tête que la mise en œuvre du pisé nécessite un savoir-faire et des précautions propres au matériau terre crue. Le soin porté à la maintenance de l’ouvrage est aussi essentiel. Enfin, l’absence de normes rend parfois plus difficile l’assurabilité des projets en pisé, mais des solutions accessibles existent.

Précautions générales de mise en œuvre

Quelques précautions de conception et de mise en œuvre sont à retenir pour garantir la sécurité et la durabilités des ouvrages en pisé. Le pisé est en effet sensible à :

  • l’accumulation d’eau et d’humidité
  • à la traction, au cisaillement et donc aux charges ponctuelles
  • aux tassements différentiels qui génèrent des concentrations de contraintes
  • à l’abrasion et aux frottements généralement dus à l’usage
  • à l’arrachement qui peut être généré par les fixations

Il est donc essentiel de concevoir l’ouvrage de façon à éviter les désordres liés à ces contraintes.

Gérer les risques liés à l’eau et à l’humidité

Le pisé a une capacité d’absorption d’eau mais reste sensible à cet élément. Par conséquent, il faut prendre garde à l’accumulation d’eau et d’humidité, ainsi qu’aux cycles de gel et de dégel du pisé (notamment lorsqu’il est anormalement humide).

Quelques conseils à retenir :

  • Mettre en œuvre un soubassement en pierre ou en béton suffisamment haut pour éviter les remontées d’humidité par capillarité et les projections d’eau
  • Garantir un débord de toiture suffisamment long pour éviter les détériorations superficielles liées à la pluie
  • Si un enduit est appliqué sur le pisé il doit être à base de terre et/ou chaux. Il faut à tout prix éviter les enduits au ciment qui ne laisseront pas suffisamment respirer la terre.
  • Ne pas positionner de drainage trop près du mur
  • Ne pas construire une terrasse ou une voirie étanche au ras du pisé

La période de mise en œuvre du pisé a aussi son importance. Ce dernier est traditionnellement mis en œuvre au printemps ou à l’automne, quand la terre contient naturellement la bonne quantité d’eau pour être damée. Il est fortement déconseillé de mettre en œuvre le pisé en hiver. En effet ce dernier peinera à sécher et les risques de pathologies liées au gel – dégel de la terre encore humide sont élevés.

Créations d’ouvertures dans les murs

Les habitations en pisé présentent traditionnellement de petites ouvertures. Il est possible de créer de nouvelles ouvertures pour améliorer la luminosité intérieure, mais l’emplacement et la typologie doivent être judicieux.

Quelques exemples :

  • Eviter des ouvertures trop proches d’un angle ou situées à la jonction de deux murs
  • Eloignées les ouvertures les unes des autres pour permettre à la descente de charge de s’effectuer sur les pans de murs restants
  • Il est conseillé de préférer des ouvertures plus petites mais plus nombreuses ! La création d’ouvertures (ou de balcons) trop vastes peut concentrer des charges sur certaines zones du mur. En effet bien que les murs en pisé présentent une bonne résistance à la compression, celle-ci reste limitée.

Documentation et réglementation

Aujourd’hui, la construction en pisé n’est encadrée par aucune norme française. Le pisé fait donc partie des techniques dîtes non courantes. Il existe cependant quelques documents pouvant servir de base à la conception et à la réalisation des projets en pisé :

Les Guides de Bonnes Pratiques, qu’est ce que c’est ? Ces guides sont des documents normatifs rédigés par et pour les professionnels de la construction terre crue. Il en existe aujourd’hui 6 (torchis, brique, pisé, bauge, terre allégée et enduit). Ces guides défendent une approche « performancielle » de la construction. Ils cherchent à valoriser la diversité du matériau terre et des savoirs-faire artisanaux.

Assurer son chantier en pisé ?

Les techniques non courantes peuvent parfois être plus contraignantes à faire assurer pour les constructeurs. Cependant, plusieurs solutions existent et sont parfois très accessibles :

Comment assurer son chantier en techniques non courantes ? 

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