7 sujets brûlants débattus au sein de la filière terre crue

Dessin représentant une table ronde des 8e assises de la terre crue qui se sont déroulées les 24 et 25 juin dernier.

Durant les 8e Assises de la construction en Terre Crue organisées par l’association AsTerre les 24 et 25 juin 2022, de nombreux sujets ont été débattus pour contribuer au développement de la filière terre crue.

Voici, ici, un résumé des 7 principales thématiques abordées et quelques phrases clés entendues lors des échanges.

Les 7 débats clés des 8e Assises de la construction en Terre Crue

1. La formation des acteurs de la filière terre crue

Il y a un consensus autour du nécessaire développement d’un écosystème d’acteurs compétents et motivés, avec une affirmation de l’importance de la formation des acteurs présents et futurs (artisans, ingénieurs, architectes, …) à la construction en terre crue.

 

2. L’impact environnemental des projets en terre crue

Il a été rappelé l’indispensable transparence des acteurs concernant l’impact environnemental réel de leurs projets en terre crue :

"Il faut mettre des chiffres en face des discours !"

 

3. La composition des produits en terre crue & la stabilisation de la terre

Il a été demandé la transparence des acteurs, notamment des fabricants de matériaux, concernant la composition de leurs produits et l’éventuelle stabilisation de la terre.

"Pardon de faire de la sémantique, mais les mots utilisés sont importants..."

 "Chez AsTerre, c'est l'argile qui nous lie !" 

" Peut-on parler de stabilisation à l'argile ?"

Lors d’une conférence, un acteur a même été interpellé sur le composant mystère, la « poudre de perlimpinpin », utilisée dans son produit. Une question amusante lui a alors été posée à propos de la saine réemployabilité de ses terres :

"Si je recycle votre brique en la mettant dans un pot, avec des graines de 
tomates et qu'elles poussent : est ce que vous les mangeriez, vous, ces tomates ? "
A noter que l’association AsTerre a notamment réalisé un guide pour permettre l’utilisation d’un vocabulaire commun à l’ensemble de la filière.

 

4. Le mode de développement de la filière terre crue

Des débats ont eu lieu sur la place des différents acteurs et des différentes échelles de projets.

Quel impact aurait le développement industriel de la filière sur les artisans et les petits producteurs de matériaux en terre ?

Quelques exemples ont été mis en avant, comme celui d’une briqueterie solidaire du réseau Emmaüs qui devra faire face à la concurrence des grosses structures :

"Il n'y a pas la même histoire derrière les prix proposés sur le marché..."

Certains professionnels soutiennent quant à eux qu’il y a de la place pour tout le monde car, selon leur taille, les acteurs ne vont pas viser les mêmes marchés.

Une différenciation entre artisans et industriels pourrait être envisagée dans de futurs documents normatifs, à l’instar du modèle allemand. Mais ces arguments, en l’absence d’exemples concrets suffisants, n’ont pas réussi à convaincre leurs opposants pour le moment.

 

5. L’inclusion des entreprises traditionnelles du BTP à la filière terre

La question de l’inclusion des grosses entreprises traditionnelles du BTP à la filière terre crue fait débat. Certains brandissent le risque grandissant d’un accaparement des marchés par ces grands groupes si les acteurs actuels de la filière ne parviennent pas à se structurer par manque de consensus :

 "On se trompe d'ennemi !"

D’autres au contraire reprochent des positionnements trop manichéens, construits autour de la vision du « gentil terreux » et du « méchant bétonneux » :

 "Nous devons construire ensemble des outils que tout le monde pourra 
s'accaparer, y compris les bétonneux !"

 

6. L’impact social de la filière de construction en terre crue

La question de l‘impact social, en termes notamment d’emplois, de pénibilité du travail et de quête de sens, a été abordé lors des tables rondes.

Face aux projets présentés par certains acteurs, une future maçonne en reconversion professionnelle est intervenue :

"Je quitte un travail aliénant pour me diriger vers la construction terre crue, 
mais je ne peux pas me projeter dans les modèles que vous proposez ici..."

La critique portait en partie sur l’échelle du projet, sur la manutention difficile des éléments en terre crue et sur l’utilisation de plus en plus importante de machines sur les chantiers ou en usine.

A ce sujet, une provocation a d’ailleurs fait rire l’assemblée :

"Est ce que vous accepteriez de payer des charges sociales sur vos machines ?.."

 

7. Les freins idéologiques au développement de la filière terre

Enfin, les freins idéologiques, et les positionnements sociaux et écologiques parfois radicaux de certains acteurs, ont aussi fait grand débat aux assises de la terre crue. Certains accusent :

"A force de vouloir trop bien faire, on finit par ne plus rien faire du tout."

"Même si nous ne sommes pas parfaits, le plus important reste de décarboner 
petits pas par petits pas le monde du bâtiment."

En face, d’autres défendent la légitimité de la radicalité de leur orientation :

"Les luttes écologiques et sociales sont des enjeux terriblement actuels, nous 
ne pouvons pas nous offrir le luxe de la demi-mesure ou d'attendre 
plusieurs années pour que les choses changent !"

 

En conclusion

Ces assises de la construction en terre crue ont été une nouvelle fois le théâtre d’échanges et de débats riches.

Ces débats mettent en avant la difficulté des acteurs de la filière à s’accorder sur de futures directions à prendre. Les positions de certains contredisent les ambitions d’autres, les convictions et les engagements s’affrontent.

Débats à suivre lors des prochaines assises…

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