Comment les architectes perçoivent-ils le bioclimatisme ? Pour quelles raisons s’en rapprochent-ils ? Et comment intègrent-ils cette approche dans leur pratique ?
Pour répondre à ces questions, nous avons demandé à Frédéric Denise, architecte de la « Ferme des Possibles » en région parisienne et gérant de l’agence « Archipel Zéro », de nous partager son regard d’architecte sur la construction bioclimatique.
L’approche bioclimatique et la permaculture
A travers l’approche bioclimatique, nous cherchons à construire des bâtiments où travaillent ensemble les matériaux et les énergies disponibles au plus près d’un site. D’une certaine façon, Frédéric Denise voit cette approche comme la « permaculture de la construction ».
L’objectif final est de concevoir des espaces sobres en énergies et en ressources, tout en garantissant aux occupants un confort optimal.
Il n’existe pas de recette unique : le cœur de la construction bioclimatique réside dans la capacité de l’architecte à s’adapter à chaque projet, à chaque site, à chaque climat, …
Au-delà de l’aspect « technique » il faut également créer de beaux lieux, où les gens se sentent bien.
Les matériaux dans les constructions bioclimatiques
En termes de matériaux de construction, il n’est pas impossible d’utiliser du béton ou de l’acier, mais cela n’est pas vraiment cohérent avec l’esprit du bioclimatisme.
Il est plus pertinent d’utiliser des matériaux sains et moins impactants pour l’environnement : matériaux biosourcés, matériaux géosourcés ou matériaux issus du réemploi.
Il faut mettre ces matériaux là où l’on peut les exploiter au mieux de leur potentiel. Par exemple, la forte inertie de la terre crue la rend très intéressante pour construire des murs trombes en pisé, les menuiseries de réemploi peuvent être utilisées pour créer des espaces tampons, etc.
La compréhension du site : un facteur clé
Il est très important de comprendre le site, afin de s’y insérer intelligemment tout en le respectant.
Les caractéristiques et les ressources du lieu
On cherche ainsi en premier lieu à analyser les ressources du lieu, ses avantages et ses inconvénients :
- les ombres portées et les masques solaires,
- les vents et leurs directions,
- les caractéristiques et volumes des pluies,
- le soleil et l’orientation du terrain,
- la présence d’eau à proximité,
- les ressources locales en matériaux,
- les ressources locales en savoir faire,
- etc.
L’intuition et le retour d’expérience
Les retours d’expériences sont aussi des alliés précieux, il ne faut pas les négliger.
« Aujourd’hui, j’ai confiance en certains modes constructifs et systèmes bioclimatiques car j’ai pu voir leurs intérêts et impacts réels sur mes anciens projets. » confie Frédéric Denise.
Lors de la phase de conception, les bureaux d’études environnement proposent des simulations thermodynamiques ou des études de confort lumineux.
Cependant, le ressenti du lieu est tout aussi important à prendre en compte. Comme le dit Mr Denise : « Personnellement, je préfère « ressentir » les volumes et les ambiances d’un lieu, et laisser parler mes intuitions. »
La simplicité et la flexibilité
Un bâtiment bioclimatique doit être « flexible ». Ainsi, les habitants peuvent aisément avoir la main sur leur lieu de vie ou d’activité : ils s’approprient le bâtiment et deviennent maîtres de leur propre confort.
Cela passe pour les occupants par une bonne compréhension des systèmes mis en place dans le bâtiment. Ces systèmes doivent donc également être modulables, faciles d’accès et aussi simples que possible.
De plus, cela permet de retarder l’obsolescence du bâtiment et de faciliter son entretien et sa maintenance future.
Et pour conclure, laissons le mot de la fin à Frédéric Denise :
« Un projet intéressant mêle une approche bioclimatique et une réelle réflexion sur les objectifs du projet. Aujourd’hui je pense qu’il est indispensable que la recherche du bien commun conditionne et guide l’acte de construire.«
