Comment faire du pisé ?

Le pisé est une technique de construction en terre crue. Elle consiste à compacter de façon dynamique à l’aide d’un « pisoir » des couches de terre humide de hauteur régulière.

Cette méthode de mise en œuvre permet l’obtention de murs (ou de colonnes) intéressants d’un point de vue esthétique et mécanique. En effet, les éléments en pisé sont porteurs, c’est à dire qu’ils supportent les charges mécaniques du bâtiment. Les constructions en pisé peuvent ainsi parfois faire plusieurs étages !

En France, la région Rhône-Alpes possède un important patrimoine en pisé. Dans les zones rurales, ce dernier représenterait même plus de 40% du patrimoine architectural. Les constructions en pisé sont également présentes dans certains centres urbains, comme à Lyon et dans ses environs. De nombreux bâtiments en pisé sont aujourd’hui encore habités, souvent à l’insu des habitants puisque le pisé est rarement visible en ville !

Quels outils utiliser ?

La mise en œuvre du pisé nécessite deux principaux outils :

  • des banches : elles constituent le coffrage dans lequel les lits de terre seront déposés et compactés. Ce coffrage, composé de deux parois en vis-à-vis, doit être rigide et fermés pour résister à la pression exercée par la terre lors du compactage. Des têtes de banche (planches verticales situées aux extrémités) assurent le plus souvent la fermeture du coffrage. Les banches sont traditionnellement en bois, mais peuvent également être en acier, en aluminium ou en fibre de verre.
  • un pisoir : fouloir manuel ou pneumatique. Il sert à compacter les lits de terre par à-coups successifs.
pisoir manuel

Pisoir manuel

(à gauche)

Pisoir pneumatique

(à droite)

 

Quelle terre utiliser ?

Il est parfois recommandé d’utiliser une terre dite « équilibrée » : toutes les tailles de grains sont bien représentées dans l’échantillon (graves, graviers, sables grossiers et fins, limons et argiles). Les terres argileuses ou contenant des argiles très actives peuvent être plus difficiles à travailler, et le risque de fissuration lors du séchage est plus important.

Cependant, d’après le Guide de bonnes pratiques du pisé, le matériau terre est d’une diversité infinie et de très nombreux types de terre peuvent être utilisés pour la réalisation d’éléments en pisé. Selon eux, c’est la mise en œuvre qui doit s’adapter à la terre, non l’inverse.

Les Guides de bonnes pratiques, qu’est ce que c’est ? Les guides sont des documents normatifs rédigés par et pour les professionnels de la construction en terre crue. Il en existe aujourd’hui 6 (torchis, brique, pisé, bauge, terre allégée et enduit). Ces guides défendent une approche « performancielle ». Ils défendent et valorisent la grande diversité du matériau terre et des savoirs faire artisanaux. Ils sont accessibles gratuitement en ligne.

Quelle quantité d’eau ajouter ?

La terre à pisé doit être mise en œuvre à l’état humide. La quantité d’eau à ajouter à un volume donné de terre dépend de la terre elle même. Lors de la réalisation des premiers mélanges terre – eau il est recommandé d’ajouter de l’eau petit à petit tout en homogénéisant le mélange. La quantité d’eau adéquate sera obtenue lorsque la terre présentera les caractéristiques d’un mélange humide : désagrégée, humide au toucher et légèrement modelable par pression.

Comment se déroule la mise en œuvre ?

La mise en œuvre du pisé se compose de plusieurs étapes :

  • 1. Réalisation d’un mélange terre – eau à l’état humide
  • 2. Mise en place des banches : le calepinage des banches est réalisé en fonction de la géométrie de l’ouvrage et des plans architecturaux
  • 3. Mise en place d’un lit de terre d’une hauteur constante entre les banches : la hauteur optimale des lits de terre peut être estimée grâce à la réalisation de murets d’essai en amont du chantier. La hauteur des lits ne peut pas être inférieure aux dimensions du plus gros grain composant la terre choisie.
  • 4. Compactage dynamique homogène du lit de terre : à-coups répétés sur toute la surface du lit. Le compactage peut être réalisé à la main ou à l’aide d’un pisoir, manuel ou pneumatique.
  • Les étapes 3 et 4 sont répétées jusqu’à atteindre la hauteur souhaitée. Les banches sont ensuite déplacées sur la nouvelle zone à piser. Lors du débanchage il est recommandé de faire glisser les banches le long de l’élément pour éviter tout arrachement de matière.

 

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