Le torchis est un matériau de construction à base de terre, de fibres (végétales ou animales) et d’eau. Il est utilisé depuis des siècles en tant que matériau de remplissage dans les constructions à ossature en bois.
Plus qu’un matériau, le torchis est une technique constructive. En effet le torchis n’est pas utilisé seul puisqu’il n’a pas de rôle porteur. Il est associé à une ossature bois, qui forme la structure porteuse et reprend les charges de l’ouvrage, et un support en bois sur lequel il est appliqué. Le torchis comble donc les vides de la structure porteuse à laquelle il est lié via le support d’application.
Principe de construction d’un mur en torchis
Les murs extérieurs, tout comme les murs en torchis intérieurs, sont constitués d’une ossature de bois porteuse posée sur un muret formant un soubassement ; ce dernier isole l’ossature en bois de l’humidité du sol.
Les éléments bois de la structure porteuse forment des cadres, à l’intérieur desquels on réalise une structure secondaire en bois servant de support d’application au torchis.
La structure support du torchis, également appelée structure d’accroche ou lattis, est liée à l’ossature bois. Cette armature en bois forme une ossature secondaire, qui réduit les intervalles de la structure porteuse en les subdivisant.
Le torchis vient ensuite fermer la surface en comblant les vides. Une fois sec, le torchis est donc solidaire de la structure porteuse via la structure support, l’ensemble formant une paroi.
Principe de construction d’un mur à pan de bois.
Etapes à suivre pour construire un mur en torchis
Le soubassement
Il supporte le squelette en bois du mur et isole bois et torchis de l’eau provenant du sol par remontée capillaire, ruissellement ou rejaillissement.
Les bois supportant le torchis sont donc placés sur un soubassement qui était traditionnellement fait de gros blocs de pierre posés sous les poteaux avec une maçonnerie de silex, de pierres ou de briques assemblés au mortier de chaux.
La hauteur minimale du soubassement est de 20 cm au-dessus du sol. Cependant une hauteur plus importante est préférable.
Autrefois, les soubassements reposaient sur des fondations peu profondes, faites de grosses et larges pierres ou de silex. Il n’est pas rare qu’avec le temps, ces fondations très légères s’enfoncent avec le poids de la charpente et de la couverture, ce qui fait bouger le colombage. De nos jours, des fondation plus profondes et plus solides, de type semelle filante, peuvent être réalisées.
A noter que le pied du soubassement doit comporter une légère pente vers l’extérieur, afin d’éloigner l’eau stagnante et limiter le rejaillissement.
La structure bois
La structure bois désigne tout ce qui se rapporte à l’ossature, la charpente, le pan de bois.
Cette ossature à pans de bois est posée sur le soubassement. Sa réalisation nécessite un savoir faire.
Elle constitue des cadres faits de pièces de bois verticales (les poteaux) assemblés sur des pièces de bois horizontales (la sablière haute et la sablière basse aussi appelée sole).
Des pièces de bois obliques (les écharpes) forment des triangles entre les poteaux et les sablières. Elles rigidifient le tout et assurent le contreventement, c’est-à-dire la stabilité longitudinale des murs.
Tous les assemblages sont faits par tenons et mortaises, bloqués par des clavettes ou des chevilles.
La structure bois forme ainsi des cadres extrêmement rigides. Elle constitue traditionnellement les murs gouttereaux des deux façades, l’un ou l’autre des pignons ou les deux à la fois.
Ossature bois d’un mur de maison en torchis colombage.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les pans de bois étaient confectionnés en chêne. Ensuite, on a utilisé de l’orme pour les éléments de bois non exposés à l’humidité et aux intempéries. A partir de la seconde moitié du XIXe, un commence à utiliser du sapin. De nos jours, les construction neuves sont réalisées en chêne ou en pin Douglas.
Compte tenu de l’exposition à l’humidité des éléments bois en contact avec le torchis, le bois utilisé doit être de classe de service 2, et d’humidité comprise entre 13 et 20% au moment de la mise en œuvre. On veillera à ce que les faces des éléments bois en contact avec le torchis soient totalement exemptes d’aubier afin d’éviter tout risque de pourrissement.
L’ossature bois reçoit ensuite la structure support du torchis.
Le support
La structure support du torchis, également appelée structure d’accroche ou lattis, est indispensable au torchis. Elle est liée à l’ossature bois et constitue le support d’application du torchis.
Cette armature en bois forme une ossature secondaire, qui réduit les intervalles de la structure porteuse en les subdivisant.
Le torchis vient ensuite fermer la surface en comblant les vides. Une fois sec, le torchis est donc solidaire de la structure porteuse via la structure support, l’ensemble formant une paroi.
Le support est conçu pour résister au poids du torchis à l’état plastique et aux charges d’exploitation (horizontales ou verticales) de l’ouvrage.
Il existe différentes techniques pour réaliser le support, selon :
- Le type de paroi (verticale, horizontale ou oblique) ;
- Les caractéristiques de la paroi (exposition ou non aux intempéries, présence éventuelle d’une protection rapportée…) ;
- Si les bois de structures sont apparents ou cachés ;
- Les habitudes régionales.
On fixe les supports entre ou sur les montants, traverses et éléments obliques de l’ossature principale.
Les supports sont dits doubles lorsqu’ils sont disposés sur les deux faces d’une même paroi (cas des murs de maisons).
Il existe deux catégories de supports :
- Les supports à éléments simples, réalisés suivant la technique du lattage ou du barreaudage ;
- Les supports à éléments croisés, réalisés suivant la technique du clayonnage.
Traditionnellement, le support est confectionné à partir de branches de bois tendre (châtaignier, noisetier, saule) refendues.
La technique du lattage consiste à clouer des branches de bois à l’horizontal, sur les poteaux de l’ossature. Le lattage courant est cloué à l’extérieur (souvent observé sur les bâtiments agricoles), voire des deux côtés (cas des habitations).
La technique du barreaudage, moins courante et plus sophistiquée, consiste à fixer en force les branches au moyen d’encoches dans les poteaux. A noter que l’espacement entre branches est plus important que pour le lattage.
La technique du clayonnage (ou tressage), utilisée dans les Flandres, fait appel à un barreaudage horizontal très espacé, sur lequel des lattes refendues de saule sont tressées entre les barreaux, à la verticale.
De nos jours, pour faire ou refaire un mur en torchis on utilise généralement un lattage constitué de liteaux de sapin ou de châtaignier cloués sur l’ossature porteuse à l’aide de clous galvanisés, inox, voire cuivre.
Clayonnage servant de structure support.
3.4. La préparation du torchis
Une fois la structure d’accroche réalisée, on procède à la préparation du mélange de terre argileuse et de paille sèche.
La recette de fabrication du torchis est simple :
1 volume de terre + 1 volume de paille hachée + 1 volume d’eau
Pour plus d’informations sur le choix des constituants, le dosage des quantités de torchis et le mélange, n’hésitez pas à consulter notre article sur la fabrication du torchis.
A noter que la provenance de la terre crue détermine la couleur du torchis.
La mise en place du torchis
Les techniques de pose sont nombreuses. Citons par exemple :
- La pose à cheval ;
- La pose projetée ;
- La pose plaquée.
Pour plus d’informations à ce sujet, consultez notre article dédié à l’application du torchis.
Application du mélange (torchis mur en terre).
Une fois posé, le torchis frais est aplani et régularisé à la main.
Si vous envisagez d’appliquer un enduit de finition (à la chaux ou à la terre) par la suite, il est nécessaire de préparer la surface du torchis avant qu’il ne commence à prendre. Pour cela, on peut procéder par piquetage avec une pointe de bois tête en bas, par griffage au peigne en bois, à la fourche ou à la taloche à clous.
Le torchis met dans tous les cas de longues semaines à sécher (4 à 8 semaines).