La bauge est une technique de construction permettant l’édification de murs massifs monolithiques, souvent porteurs, par empilement de mottes de terre crue. La terre utilisée est à l’état plastique, et est généralement mélangée à des fibres végétales voire animales.
Les matériaux constitutifs du mélange de bauge
Le mélange utilisé pour la bauge est constitué de terre crue, d’eau et généralement de fibres végétales voire animales.
La terre
On utilise de la terre crue argilo-limoneuse, aussi appelée terre à bâtir. Elle se situe sous la couche de terre végétale.
Elle résulte de l’altération superficielle des roches et est constituée naturellement d’argile et de dépôts minéraux.
La terre est généralement extraite à proximité du site de construction.
Les fibres
La bauge n’est pas systématiquement fibrée. Lorsqu’elles sont ajoutées au mélange, les fibres ont pour rôle :
- D’augmenter la cohésion du mélange de bauge à l’état frais ;
- De limiter le retrait et donc la fissuration de la terre argileuse lors du séchage ;
- D’augmenter la résistance à la traction et au cisaillement mélange.
Toutes les fibres végétales sont utilisables.
L’utilisation de la paille de blé longue et sèche prédomine du fait de sa proximité et de sa disponibilité. D’autres types de fibres sont utilisées : paille d’orge, paille d’avoine, paille de lin, foin, chiendent, fenouil, fougères, eupatoire, chanvre, roseau, ajoncs, etc.
Dans le temps, des fibres animales tels que poils ou crins animaux étaient également utilisées.
L’eau
L’eau utilisée pour la confection du mélange de bauge doit être exempte de tout polluant organique.
Un mur en bauge.
La fabrication de la bauge
Le mélange de terre et de fibres est préparé par malaxage manuel, mécanique ou bien encore par piétinement (foulé au pied) avant d’être mis en œuvre.
La terre est mise en œuvre à l’état plastique, avec d’importantes variations au sein de cet état.
Plus la teneur en eau est élevée, plus le mélange sera facile à réaliser, mais moins la levée sera haute et plus le temps de séchage sera long.
Inversement, plus la teneur en eau est réduite, plus la cohésion entre les éléments sera difficile à assurer.
Une fois le mélange réalisé, on prépare des éléments par façonnage de la bauge afin de lui donner de la cohésion et faciliter son acheminement jusqu’au mur.
Ces éléments peuvent être confectionnés :
- A la main, en forme de boules ;
- A la fourche, à la bêche ou au racloir en découpant la bauge étalée au sol ;
- A la pelle mécanique.
Les éléments sont ensuite transportés sur le mur pour y être assemblés.
Préparation de la bauge.
La technique de mise en œuvre de la bauge
Les murs sont montés le plus souvent sans l’aide de coffrage.
Ils sont constitués de couches successives de terre filants sur tout le pourtour de l’édifice, appelées levées. Chaque levée fait environ soixante de centimètres de hauteur. Il faut attendre que le mur sèche entre les levées.
Les surfaces verticales sont dressées par découpe à l’aide d’un outil tranchant, après un court temps de séchage, alors que le matériau n’est pas trop dur.
Voir ici pour plus d’informations sur la réalisation d’un mur de maison en bauge.
La bauge, du passé à l’avenir
La bauge est une technique de construction monolithique en terre crue empilée ancienne, utilisée en Europe, Afrique, Asie et Amérique.
En France, elle était répandue en milieu rural. De nombreuses constructions en bauge sont localisées en Basse-Normandie (notamment dans le marais du Cotentin et du Bessin), Haute-Normandie (Plaine de l’Eure) et Bretagne (bassin de Rennes).
Ce patrimoine bâti date majoritairement du 18e et 19e siècle.
La construction en bauge s’arrête subitement au lendemain de la 1ère guerre mondiale, du fait de la disparition de nombreux maçons qualifiés entrainant la perte du savoir faire, la pénurie de main d’œuvre et l’apparition de matériaux de construction industriels.
Délaissés et malaimés, les constructions en bauge semblaient être voués à une lente disparition. Heureusement, on assiste depuis quelques années à un changement d’image et à une prise de conscience de l’intérêt patrimonial, historique, écologique et esthétique des maisons en terre.
Contrairement à ce que laisserai présager leur caractère traditionnel, les constructions en bauge présentaient avant l’heure les critères écologiques et de confort qui sont aujourd’hui recherchés dans les habitations modernes.
En effet, la bauge est une technique de construction à très faible impact environnemental. Elle est peu consommatrice d’énergie, puisque constituée de matières premières locales (terre, paille, eau), qui ne nécessitent peu voire pas de transport. De plus, la bauge est écologique car totalement recyclable.
La bauge est durable : des bâtisses en bauge ayant plusieurs centaines d’années sont encore debout.
Composé de terre crue, elle possède de grandes qualités d’inertie thermique, de régulation d’humidité et de facilité de mise en œuvre.
C’est pour toutes ces raisons que l’on assiste aujourd’hui à un véritable renouveau de l’utilisation de la bauge et plus largement de la construction en terre crue, puisqu’elle s’invite au cœur des débats environnementaux.