La terre crue : amie du confort intérieur dans une maison écologique

Définir le confort intérieur

Le « confort intérieur » au sein d’un bâtiment est une notion complexe. Il résulte pour l’occupant des lieux d’un état général de bien être, sur le plan physique et mental. Le confort est lié principalement aux sens : la vue, l’odorat et l’ouïe, auxquels viennent s’ajouter la sensation de chaud, de froid et d’humidité que l’on peut regrouper sous le terme de « confort thermique ».

Confort thermique : un enjeu majeur

Le confort thermique apporté par la terre crue est le sujet sur lequel l’état de la recherche est, à ce jour, le plus avancé.

Le confort thermique dépend de plusieurs paramètres : la température de l’air, la température des parois et l’humidité intérieure, notamment.

Une nouvelle réglementation environnementale, appelée RE2020, est en vigueur depuis le 1er janvier 2022 et va progressivement remplacer la Règlementation Thermique 2012 (RT2012). Dans le contexte climatique actuel et face à la RE2020, garantir aux habitants un bon confort thermique avec un minimum d’énergie est un enjeu majeur.

Rappelons que, selon un rapport de l’organisme Carbone 4 datant de 2016, au moins 25% des EGES (Emissions de Gaz à Effet de Serre) en France sont liées à l’énergie dépensée par les bâtiments durant leur exploitation : chauffage, climatisation, ventilation, ….

Des logements anciens mal rénovés ou neufs mal conçus peuvent créer un inconfort thermique chez les occupants et entrainer des dépenses énergétiques importantes. En effet, dans un intérieur trop humide, avec des parois froides ou des courants d’air, l’habitant du lieu n’aura souvent pas d’autre choix que d’augmenter le chauffage. Cela entraîne de lourdes dépenses énergétiques, problématiques sur le plan économique à l’échelle de l’individu et sur le plan environnemental.

Réguler l’humidité et conserver une température agréable, en été comme en hiver avec la terre crue…

Illustration des échanges de chaleur et d’humidité dans un mur en terre crue.

La terre est un matériau « hygroscopique », c’est-à-dire qu’il possède la capacité de capter les molécules d’eau présentent dans l’air. Cette propriété lui permet de réguler, partiellement, l’humidité intérieure du bâtiment.

Concernant la régulation de la température, deux phénomènes majeurs entre en jeu : l’inertie thermique de la terre et l’effet de changement de phase de l’eau dans les murs en terre.

… grâce à l’inertie

La terre possède une grande inertie liée à sa masse dans le cas des constructions denses et épaisses comme le Pisé. L’inertie d’un mur est intéressante autant pour le confort d’hiver que pour le confort d’été puisqu’elle permet de « retarder » les transferts de chaleur au sein du matériau.

 

L’inertie thermique ne doit pas être confondue avec l’isolation thermique ! La capacité isolante d’un matériau est liée à sa résistance face au flux de chaleur qui tente de la traverser. L’inertie thermique quant à elle, est la capacité d’un matériau à emmagasiner de l’énergie et à la rediffuser sur le temps long.

Plus précisément, l’inertie d’un mur est égale à la capacité thermique (la quantité de chaleur à apporter à 1 m3 pour augmenter sa température de 1°C) multipliée par l’épaisseur de la paroi.

 

  •  L’hiver, lorsqu’il fait plus froid dehors que dedans, le mur en terre crue (mur en Pisé par exemple) retarde le transfert de chaleur vers l’extérieur. Si le mur est orienté au Sud, il va également être chauffé par le soleil dans la journée et emmagasiner de la chaleur. Cette chaleur pourra être transmise à l’intérieur de l’habitat la nuit, si les températures intérieures chutent.
  • L’été, lorsqu’il fait plus chaud à l’extérieur qu’à l’intérieur, les murs en terre crue retardent le transfert de chaleur de l’extérieur vers l’intérieur. Ils empêchent la chaleur de « rentrer » dans l’habitat la journée et aident à maintenir un intérieur relativement frais.

…grâce à des mélanges isolants

La terre n’est pas à proprement parler isolante. Cependant, de nombreuses techniques de construction en terre crue utilisant des fibres végétales ou animales, comme la terre allégée, présentent de bonnes propriétés isolantes. Les performances isolantes de ces techniques se rapprochent de celles de la paille, à épaisseur égale.

…grâce au changement de phase de l’eau

Le deuxième phénomène qui entre en jeu est le changement de phase de l’eau :

  • Les murs en pisé absorbent l’eau-liquide qui remonte par capillarité du soubassement et l’eau-vapeur provenant de l’occupation de l’habitat (respiration, douche, cuisine, …).
  • Elle s’accumule sous forme liquide pendant les périodes humides et froides, et elle s’évapore pendant les périodes plus chaudes et ensoleillées.
  • Lorsqu’elle passe de l’état liquide à l’état vapeur (évaporation), l’eau « consomme » une partie de l’énergie stockée dans la paroi. Au contraire, lorsqu’elle passe de l’état vapeur à l’état liquide (condensation), l’eau « libère » une partie de son énergie dans la paroi.
  • Ainsi, l’été l’évaporation de l’eau permet de rafraîchir la paroi, et l’hiver la condensation permet de chauffer partiellement le mur.

Confort acoustique, visuel…et sanitaire avec la terre crue

Les murs épais en terre crue présentent également un bon amortissement acoustique. Ils peuvent donc limiter la transmission de bruits entre l’extérieur et l’intérieur du bâtiment, ou entre les différentes pièces.

Le confort visuel est essentiellement lié aux choix architecturaux : sources de lumières, positionnement et orientation du bâtiment, … La nature des murs et les revêtements muraux jouent également un rôle dans la réflexion de la lumière et la qualité esthétique du lieu.

Nous savons que la terre crue est un matériau « hygroscopique ». Elle aurait ainsi une potentielle capacité à réguler les odeurs intérieures mais trop peu d’études existent à ce jour pour l’affirmer.

La terre crue est également un matériau sain qui ne dégage pas de composés toxiques. Elle participe donc à une bonne qualité de l’air intérieur des bâtiments, essentielle au sentiment de confort des occupants.

 

Pour conclure, rappelons que la notion de confort est liée au ressenti des occupants. Le ressenti est subjectif, et relié à un grand nombre de paramètres qui peuvent dépasser les considérations physiques listées dans cet article.

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