Convenance des terres : que disent les documents de références ?

A noter : Cet article fait partie d’un ensemble d’articles sur la convenance de terres pour la construction que vous retrouverez sur le blog grâce au tag « comprendre la terre crue ». Cet ensemble traite des différents approches concernant les essais possibles ou/et nécessaires sur la terre à votre disposition.

Quelles sont les terres « bonnes » pour construire ? Que dit la littérature à propos de la convenance des terres pour la construction en terre crue ?

Ci-dessous un long article dans lequel nous avons réuni les informations fournies par les principaux livres et documents qui font référence actuellement, à propos de la convenance des terres dans la construction terre crue.

Ce que nous pouvons en retenir est le caractère particulièrement divers et versatile de la terre et la nécessité d’avoir une approche pratique.

# CRATerre (2006). Traité de construction en terre. Parenthèses Ed.

Lien vers le livre : ici

Extrait p.111 sur les critères de convenance des terre

« L’expérience acquise à ce jour dans le domaine de la construction en terre est immense, mais loin d’être complète ou définitive. Les critères de convenance actuels ne sont donc pas définitivement établis et ne sauraient être interprétés à la lettre.Traité de construction en terre - CRAterre

La plupart des abaques de référence sont empruntés au domaine des travaux routiers et s’adaptent assez bien à la construction en terre. On retiendra toutefois que beaucoup de ces critères, élaborés à un niveau régional, n’ont pas une valeur universelle.

On pourra s’en inspirer par une nouvelle adaptation localisée. Ces critères de convenance ne fournissent pas de quantités précises et doivent être utilisés pour leur information quantitative.

Leur interprétation sera donc très souple, ainsi que leur adaptation selon des plages de valeurs qui peuvent être plus ou moins élargies, tout en donnant de bons résultats.

Néanmoins, ces critères devront être interprétés par des personnes expérimentées qui sont à même d’évaluer les conséquences de leur application. »

Extrait p.113 sur la démarche à adopter

« Peut-on construire avec cette terre ?

On ne peut raisonnablement répondre aussitôt à cette question. Il est préférable d’adopter une approche jalonnée par des questions successives :

– Que va-t-on construire ? […]

– Où va-t-on construire ? […]

– Comment va-t-on construire ? […]

– Quelle destination d’emploi ? […]

– Quels moyens disponibles ? […]

En général, toute terre qui offre une bonne cohésion peut être employée en construction, mais il convient de bien s’assurer que l’on dispose de tous les moyens pour l’utiliser. »

Extrait p.116 à propos des fuseaux de convenance

« Les limites des zones recommandées sont approximatives. Les tolérances acceptables peuvent varier considérablement. L’état des connaissances actuelles ne permet pas d’appliquer des limites précises. Il est généralement admis que beaucoup de terres qui ne s’inscrivent pas dans les zones recommandées donnent quand même des résultats acceptables en pratique.

Toutefois, les terres qui sont conformes donnent dans la plupart des cas des résultats satisfaisants. Les zones indiquées sont destinées à guider l’utilisateur et non à être appliquées comme des spécifications rigides. »

# CRATerre (2020). Construire en Pisé. Le Moniteur.

Lien vers le livre : ici

Construire en pisé - CRAterreExtrait p.53-54. à propos du fuseau de convenance granulaire proposé pour le Pisé :

« Le fuseau granulométrique représenté ci-dessous a été établi en regroupant les courbes granulométriques d’un nombre important d’échantillons prélevés sur des murs en Pisé au comportement satisfaisant. […]

Une terre à Pisé dont la courbe granulométrique se situe dans ce fuseau est donc à priori convenable.

A l’inverse, cela ne signifie pas pour autant qu’une terre dont la courbe granulométrique n’est pas totalement contenue dans ce fuseau ne puisse pas donner de bons résultats. »

# Guides de Bonnes Pratiques des construction en terre crue (2018)

Lien vers les guides : ici

Guide des bonnes pratiques de la construction en terre crueExtrait du guide sur le Pisé

« La matière première « terre crue » est d’une diversité infinie et de très nombreux types de terre peuvent être utilisés pour la réalisation d’éléments en pisé : avec ou sans éléments grossiers, très ou peu argileuse, etc.

De ce fait, la mise en œuvre est à adapter à chaque nouvelle terre et une connaissance du matériau est nécessaire pour produire des éléments d’ouvrage supportant les contraintes qui lui seront appliquées.

Il convient donc de caractériser non pas la matière première, mais l’élément d’ouvrage produit. »

Extrait du guide sur la Bauge

« La présence de patrimoine en bauge sur un secteur géographique est un indicateur de convenance des terres disponibles localement.

Cependant, de très nombreux types de terre peuvent être utilisés pour la réalisation d’éléments en bauge en adaptant la mise en œuvre et la conception de celle-ci en fonction de l’élément d’ouvrage à produire.

Les terres limono-argileuses sont particulièrement adaptées à la bauge.

Mais l’analyse du patrimoine existant montre que le recours a tout type de terre est également possible moyennant une adaptation des ouvrages, des mélanges et de la mise en œuvre. Seules sont à écarter les terres dont la présence de matière organique est décelable par contrôle visuel ou olfactif et celles ne présentant pas de cohésion. »

Extrait du guide sur la Brique de terre crue

« Une grande variété de terres peut être utilisée pour produire des briques et des mortiers. Seules les terres dont la présence de matière organique est décelable de manière visuelle ou olfactive, ainsi que les terres ne présentant pas de cohésion, sont à écarter.

La mise en œuvre par moulage, compactage ou extrusion sera plus ou moins facile en fonction du type de terre. En fonction de la dimension des briques produites, il peut être nécessaire d’éliminer la fraction grossière des terres présentant une charge importante en éléments grossiers.

En règle générale la terre utilisée pour produire le mortier est la même que celle utilisée pour produire les briques, mais l’utilisation d’une autre terre est possible.

Note : Le choix de la terre est la responsabilité de l’entreprise de réalisation. Vérifier la convenance de la terre à brique ne nécessite pas de recours a un laboratoire ou à des outils spécifiques. »

Extrait du guide sur les Enduits

« Toutes les argiles peuvent être utilisées à condition qu’elles satisfassent les tests d’enduits.

La courbe granulométrique est différente d’une terre a l’autre et peut être plus ou moins modifiée. De même, la courbe granulométrique et la qualité des sables (arrondis ou anguleux) varient d’une région à l’autre.

Même les produits prêts à l’emploi n’ont pas la qualité adaptée à tous les usages et doivent être renseignés dans une fiche technique « fabricant ».

Il faut donc se demander au cas par cas si les matériaux disponibles sont adaptés aux objectifs fixés et comment les mortiers ou les surfaces finies peuvent encore être améliorés le cas échéant. »

Extrait du guide sur la Terre allégée

« Toute terre argileuse peut être utilisée pour préparer un mélange de terre allégée, mais plus la terre est cohésive (quantité et nature des argiles), plus il est possible d’obtenir un mélange léger ayant des performances mécaniques satisfaisantes.

La présence de terre végétale en quantité importante est inappropriée. »

Extrait du guide sur le Torchis

« Toute terre à bâtir, peu ou très argileuse (de maigre à grasse), convient à la confection de torchis.

Une terre contenant visiblement ou olfactivement des champignons ou de l’humus est à écarter.

Une terre comportant des éléments grossiers (graves et graviers) ne facilite pas la mise en œuvre manuelle. La terre est mélangée à de l’eau (parfois à des adjuvants) pour atteindre un état variant de plastique à visqueux ou de barbotine, épaisse à liquide en fonction des objectifs de mélange et de performance à atteindre.

Note : Vérifier la convenance de la terre à torchis ne nécessite pas de recours à un laboratoire ou à des outils spécifiques. La personne qualifiée et/ou expérimentée dans la reconnaissance des terres à torchis et qui met en œuvre le torchis évalue et détermine la qualité de terre en est responsable. »

# Extrait NF XP P901 : Norme expérimentale « Briques et Blocs de terre crue pour murs et cloisons – Définitions – Spécifications – Méthodes d’essai – Conditions de réception » (2001)

A noter qu’une nouvelle version de cette norme est en cours de parution.

« De nombreuses terres conviennent à la fabrication des BTC, à condition qu’il ne s’agisse pas de terres organiques. Les caractéristiques détaillées des terres, ou mélanges terre – granulats, qui donnent dans la plupart des cas des résultats satisfaisants sont décrites en Annexe A (informative). »

On peut voir dans l’Annexe A un fuseau granulaire et de plasticité, un rappel de la classification des terres selon les Guides des Terrassements Routiers avec des indications relatives à la convenance des terres à BTC. Ces informations sont similaires à celles fournies par le « Traité de construction en terre » de CRATerre.

# Extrait Règles professionnelles : Enduits sur supports composés de terre crue. Le Moniteur (2013)

Lien vers le document (payant) : ici 

Extrait p.27 à propos des sources d’approvisionnement :
Règles professionnelles : Enduits sur supports composés de terre crue« Cinq approvisionnements sont possibles pour la terre utilisée :

  1. Terre naturelle extraite sur place ;
  2. Terre issue de la démolition de murs, débarrassée de tout autre matériau qui peut y être incorporé (mortier de chaux, bois, …), et des éventuels mousses ou lichen ;
  3. Terre stockée et préparée dans les locaux de l’entreprise ;
  4. Terre issue d’une briqueterie ou d’une carrière ;
  5. Terre « prête à l’emploi » livrée sèche ou humide

Le choix de la terre et des mélanges sera effectué après réalisation des essais décrits au chapitre 11 et 12 [essais performanciels : essai des tensions de retrait au séchage d’un mortier contenant de la terre et essai de résistance au cisaillement des enduits] ou suite à l’obtention d’un accord écrit explicite du fournisseur dans le cas de l’utilisation d’une terre prête à l’emploi. »

# Extraits Règles professionnelles de construction en paille : remplissage isolant et support d’enduit – Chapitre 6 : Enduits. Le Moniteur (version 2012 révisée)

Lien vers le document (payant) : ici

Extrait p.131 à propos des terres utilisables :

Règles professionnelles de construction paille« Les terres utilisables pour la réalisation des enduits sont très diverses ; elles font généralement l’objet de recettes de chantier mais sont aussi disponibles en mélanges préformulés. » (p.128)

« Les terres utilisées pour les enduits sont sélectionnées sur la base de l’expérience et des savoir-faire spécifiques à la réalisation d’enduits (gestion des retraits, teneur en eau, textures, etc.). Cette sélection est éventuellement confortée par des données complémentaires (carte géologique, données issues des études de sols, etc.) […]

Dans le cas de terres locales, les dosages font l’objet d’une caractérisation sur chantier par la réalisation préalable d’échantillons qui mettent en évidence les critères suivants : résistance mécanique ; cohésion ; adhérence ; retrait. »

 

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