La paille, parmi ses nombreux avantages, est un matériau riche en terme de possibilités de mise en œuvre. Loin du conte des trois petits cochons et des idées reçues, la paille est aujourd’hui acceptée comme matériau de construction à part entière ! Mais comment construire en paille ?
En France, les règles professionnelles de la construction paille couvrent l’usage de la botte de paille en tant qu’isolant et support d’enduit. La C2P (Commission Prévention Produit) a accepté ce document, désormais reconnu par la profession.
Ce socle réglementaire facilite l’assurabilité des projets utilisant la paille, à condition que ces derniers :
- respectent les règles de conception et de mise en œuvre,
- fassent appel à du personnel qualifié,
- et remplissent les fiches d’auto-contrôle mises à disposition.
Les paragraphes ci-dessous regroupent plusieurs techniques de construction en paille. La liste n’est cependant pas exhaustive. En effet, la paille est un matériau enclin à l’expérimentation et fait donc l’objet de diverses expérimentations en France comme dans d’autres pays.
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L’isolation en paille : remplissage de murs porteurs
On remplit une ossature bois porteuse (mur ou toiture) avec des bottes de paille.
On peut par exemple citer la technique de pose en tunnel, dite technique GREB. Cette dernière est particulièrement recommandée aux auto constructeurs pour construire sa maison en paille en raison de son assemblage simple et de la finesse de ses sections de bois.
Elle est constituée de deux ossatures de bois légères liaisonnées par des feuillards métalliques et espacées de la largeur d’une botte de paille.
Un mortier léger, traditionnellement constitué de chaux, sable et sciure de bois, rempli le rôle de contreventement. Il est appliqué grâce à des banches clouées directement sur l’ossature bois.
Pour visualiser en images la technique GREB, voici une vidéo de 3mn réalisée par l’association Approche Paille.
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La préfabrication de murs en paille
On fabrique en ateliers des caissons porteurs, généralement en bois, que l’on vient remplir de paille. Parfois, ces assemblages sont également enduits.
Des moyens de levage adaptés sont ensuite utilisés sur chantier pour mettre en œuvre efficacement le bâtiment en paille.
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L’isolation en bottes de paille par l’extérieur (ITE)
On isole un bâtiment en paille en fixant les bottes au mur existant. On peut par exemple citer l’ITE « bretelles » : les bottes de pailles sont maintenues deux à deux par des feuillards fixés à des anneaux d’ancrage et des chevilles en nylon.
Cette technique est intéressante car elle nécessite très peu de bois contrairement aux ITE en paille classique.
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Les cloisons en panneaux de paille compressée
La paille est compressée à chaud (environ 200°C) par une machine puis des feuilles de cartons sont collées de part et d’autres pour maintenir le panneau. Ils peuvent ensuite être collés entre eux par des assemblages spécifiques et servir, par exemple, de cloisons de distribution pour une maison en paille.
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La construction en paille porteuse :
Les techniques de construction en paille porteuse ne rentrent pas encore dans le champ des règles professionnelles de la construction paille. Cependant, des groupes de travail constitués de professionnels de la filière paille s’y attèlent actuellement.
La rédaction d’un « Guide des bonnes pratiques de la construction en paille porteuse » est amorcé. Ce guide devra ensuite prendre la forme de règles professionnelles pour lever les principaux freins.
Parmi les techniques de construction en paille porteuse, on peut citer la technique Nebraska. Elle consiste à empiler et brocher des bottes de paille en quinconce entre les lisses basses de la fondation et les pannes sablières de la toiture, puis de les compresser grâce à des sangles noyées par la suite dans les enduits.
*crédits illustrations : Gabriel Sargent