À toutes les époques et dans toutes les cultures, l’homme a toujours utilisé la paille pour la construction, que ce soit pour les murs ou pour le toit. Aujourd’hui, la paille de céréales est considérée comme un isolant à part entière. Isoler sa maison à la paille permet de faire des économies et de respecter l’environnement. Voici les caractéristiques thermiques de la paille.
Provenance de la paille
À ne pas confondre avec le foin, la paille est un résidu végétal issu de la culture de céréales. Elle constitue la tige de certaines graminées, dites céréales à paille, dont la tête est coupée pour prélever leurs grains au cours de la moisson.
La paille peut être issue du blé, du froment, du seigle, du sorgho, de l’orge ou du triticale.
Pourquoi isoler avec de la paille ?
Voici les avantages de l’isolation à la paille :
- Une isolation écologique :
La paille fait partie des isolants biosourcés car elle est obtenue à partir de végétaux. Contrairement aux produits synthétiques, elle est naturelle, renouvelable et biodégradable.
Peu transformée et produite localement, l’impact sur l’environnement de la paille est très faible durant l’ensemble de son cycle de vie. Il s’agit ainsi d’un isolant très écologique, entièrement recyclable et très facile à produire. - Une isolation économique : la paille est un isolant très peu coûteux. En effet c’est un matériau facile à trouver et qui n’exige pas beaucoup de transformation. Par conséquent, elle s’acquiert à prix très abordable.
- Un matériau disponible en abondance : seulement 10% de la paille de blé produite annuellement en France suffirait à isoler tous les nouveaux logements (individuels et collectifs) construits chaque année. À ce jour, 40% de la paille produite est broyée, puis retourne au sol après la moisson.
- Une ressource disponible localement : 50 % des approvisionnements viennent de moins de 50 km du site de construction.
- De bonnes performances d’isolation : la paille de blé compressée, lorsqu’elle est mise en œuvre en épaisseur suffisante, constitue un isolant thermique et phonique performant.
- Perspirante, elle régule l’humidité des pièces en laissant passer la vapeur d’eau, ce qui permet de prévenir la condensation et la moisissure.
- Matériau sain : la paille est sans impact sur la qualité de l’air intérieur (classement COV A+).
- Très longue durée de vie : les maisons en paille atteignent facilement 100 ans et plus d’âge.
- Résistance au feu : contrairement aux idées reçues, les bottes de paille offrent une bonne résistance vis à vis du feu. En effet, la paille étant tellement compressée dans la botte que la combustion, faute d’oxygène, ne peut se faire.
La paille, un isolant biosourcé économique et disponible en abondance.
Caractéristiques des bottes de paille utilisées pour l’isolation
Les différentes techniques d’isolation paille font appel principalement à la paille conditionnée en botte.
La botte de paille est apparue il y a presque 200 ans aux États-Unis, grâce à l’utilisation des botteleuse agricoles.
Presse à balles rectangulaires (au premier plan) et presse à balles rondes (au second plan).
La paille, issue des récoltes de céréales, est compressée en bottes entièrement sèches. Il existe différents formats de bottes : petites bottes aux dimension normalisées et grosses bottes plus denses.
Les petites bottes de densité comprise entre 80 et 120 kg/m3 sont utilisées pour isoler les murs, les toitures et les planchers. Leur épaisseur et leur largeur sont fixes : 37 et 47 cm respectivement. Leur longueur peut varier de 80 à 120 cm.
Les grosses bottes de haute densité (180 à 200 kg/m3) sont employées pour construire des murs en paille porteuse.
Les caractéristiques d’une botte de paille.
Quelles sont les différentes techniques d’isolation à la paille ?
Les techniques courantes font appel à des bottes de paille compressée.
Les méthodes employées pour isoler une habitation à la paille sont nombreuses. Elles dépendent de la partie à isoler (murs, toiture, combles) et du type de travaux à réaliser (rénovation ou construction neuve). Voir également notre article « Construction paille : quelles techniques utiliser ? ».
- L’isolation des murs
Dans le cas de travaux de rénovation, une isolation par l’extérieur est à privilégier. Les bottes de paille sont placées dans une ossature en bois ou fixées avec de la terre argileuse, avant d’être recouvertes d’un enduit de protection.
Dans le cas d’une construction neuve, les bottes de paille sont généralement placées dans une ossature en bois type poteau poutre.
La paille porteuse a la particularité de ne pas employer d’ossature en bois. Les bottes de paille sont posées sur une lisse et maintenues en place par des sangles de compression.
- L’isolation de la toiture et des combles
Pour isoler une toiture, on place les bottes de paille entre les éléments de la charpente. Même chose pour les combles.
- Cadre règlementaire de l’isolation en paille
Rédigées par le RFCP (Réseau français de la construction paille), les règles professionnelles de la construction en paille CP2012 établissent le cadre de règlementaire pour l’utilisation de la paille comme isolant.
La performance thermique de la paille en isolation
Les caractéristiques thermiques de la botte de paille dépendent du sens de pose : à plat ou sur chant.
Dans le cas des bottes posées sur chant, le flux d’air est transversal au sens des fibres. Ceci explique une meilleure performance thermique que pour les bottes posées à plat où le flux d’air est dans le sens des fibres.
Le pouvoir isolant de la botte de paille.
La conductivité thermique ( λ )
Le coefficient Lambda (λ) mesure la conductivité thermique qui est exprimée en W/m.K.
Elle représente la facilité que rencontre le froid ou la chaleur à traverser une paroi. Elle est propre à l’isolant et ne dépend pas de l’épaisseur du matériau.
Plus la valeur λ est faible, plus le matériau est isolant. Les matériaux isolants thermiques ont des λ inférieurs à 0,060 W/(m.K).
La conductivité thermique de la paille : pour une masse volumique comprise entre 80 et 120 kg/m3 (la masse volumique varie peu d’une céréale à l’autre), le lambda de la paille est de 0,052 W/(m.K) perpendiculairement au sens de la fibre.
La résistance thermique (R)
La résistance thermique est le critère d’évaluation de la performance thermique d’un isolant.
Elle indique la capacité de l’isolant à résister aux variations de chaleur et dépend de sa conductivité thermique (λ) et de son épaisseur (e).
Pour obtenir la résistance thermique, il faut diviser l’épaisseur du matériau (exprimée en mètre) par la valeur lambda (R = e / λ).
Plus la résistance thermique est élevée, plus le produit est performant thermiquement.
Ainsi, pour une botte d’épaisseur 37cm posée sur chant, on obtient une résistance thermique R = 7,1 m2.K/W.
Le tableau ci-dessous récapitule les caractéristiques de la paille :
CARACTERISTIQUES | VALEURS |
Résistance à la diffusion de vapeur d’eau (µ) | 1 à 2 |
Conductivité thermique (λ) |
|
Résistance thermique de la botte de paille (R) |
|
Masse volumique | 80 à 120 kg/m3 |
Capacité thermique massive (c) | 1400 à 2000 J/(kg.K) |
Classement de réaction au feu d’un mur en bottes de paille enduit à la chaux ou terre crue | B-s1, d0 |
Le matériau paille est donc parmi les meilleurs isolants et surtout, elle occupe la première place (et de loin) du rapport performance/prix.