Quels sont les vrais risques d’une construction en paille ?

paille et contes

Nous connaissons tous le conte des 3 petits cochons : les maisons en paille et en bois s’envolent, celle en brique sauve les cochonnets du grand méchant loup !

Les histoires de notre enfance sont pleines de messages cachés que nous ancrons dans nos croyances sans même en avoir conscience. Dans le cas du conte des 3 petits cochons, le « fragile » matériau paille est le grand perdant de l’histoire des matériaux de construction.

Prenons un peu de recul par rapport à cet imaginaire commun et tentons de rendre justice à ce matériau en faisant le point sur les risques et les idées reçues concernant la construction en paille :

1. Existe-t-il un risque concernant l’étanchéité à l’air dans les bâtiments en paille ?

Pour des raisons d’efficacité thermique et de confort, les bâtiments doivent être rendus étanches à l’air et au vent tout en restant perspirants :

  • Les enduits et les bardages intelligemment disposés peuvent remplir ce rôle.
  • Les détails d’étanchéité autour des ouvertures (fenêtres, portes, …), au niveau du toit et du soubassement doivent être dessinés puis réalisés avec précaution.

Ainsi des bâtiments en paille bien conçus et mis en oeuvre peuvent répondre sans problème à l’exigeant critère d’étanchéité à l’air du label Passivhaus (maison passive).

2. Quel est le risque incendie pour les maisons en paille ?

Dans le cas d’un matériau de construction, on évalue sa résistance au feu et sa réaction au feu :

  • Réaction au feu = contribution au développement d’un incendie dans sa phase de démarrage, c’est à dire sa propension à s’enflammer, à brûler avec plus ou moins de vigueur, à dégager de l’énergie, des fumées, et à propager ou pas la flamme à sa surface.
  • Résistance au feu = capacité d’un élément de construction à jouer son rôle, en situation d’incendie pendant un temps donné. Ce terme inclut un ou plusieurs des trois critères suivants : la résistance mécanique ou stabilité (R), l’étanchéité aux flammes et gaz chauds (E) et l’isolation thermique (I).

 

La haute vulnérabilité au feu des ouvrages en paille est une idée fausse très répandue. Les bâtiments isolés en bottes de paille n’ont rien à envier aux autres matériaux sur ce point.

La paille se distingue en particulier par sa résistance au feu.

Pour qu’un feu se propage et prenne de l’ampleur, il faut : une source de chaleur, un combustible (la paille) et un comburant (l’oxygène présent dans l’air).

Or si les bottes de paille compressées sont suffisamment denses elles contiendront très peu d’oxygène, ce qui limitera leur consumation lors de l’incendie. La combustion du matériau et la propagation du feu resteront lente et ne libèreront pas d’émanation toxique.

Maison en paille en construction
Maison en ossature bois et isolation paille en construction.

De nombreux tests réalisés en Europe ces dernières années prouvent cette bonne résistance au feu. Le RFCP (Réseau Français de la Construction Paille) en a compilé quelques uns dans un rapport consultable par tous.

On trouve également dans ce rapport des résultats d’essais de réaction au feu intéressants : par exemple le classement de réaction au feu d’un mur extérieur en bottes de paille enduit à la chaux ou terre crue est « B-s1, d0″.

C’est à dire qu’il résiste à une attaque prolongée des flammes et d’un objet isolé ardent tout en limitant la propagation des flammes (B), qu’il y a une faible production de fumée (s1), et pas de chute de gouttelettes ou de particules enflammées (d0).

Afin de limiter les risques d’incendie, il est toutefois recommandé d’éviter le passages des réseaux électriques dans les murs en paille.

3. Quid des animaux et insectes dans une maison paille ?

Les bottes de paille présentent peu d’intérêt pour les animaux et insectes, en termes de nutrition, et la forte densité des bottes de paille les rend par ailleurs difficilement pénétrables.

Il n’y a donc pas plus de risques d’avoir des rongeurs dans une maison en paille que dans un autre type d’habitation.

L’application d’un enduit ou l’utilisation de grilles anti-rongeurs pour fermer les orifices de ventilations peuvent permettre de limiter encore davantage ce risque.

Attention à ne pas confondre paille et foin :

  • La paille : Tige sèche de céréales dont on a séparé les grains. Elle ne contient donc aucune nourriture et n’est elle même pas intéressante d’un point de vue nutrition.
  • Le foin : Fourrage de végétaux séchés obtenue en coupant les herbes encore vertes. Il sert d’aliment à de nombreux animaux et insectes.

4. Existe-t-il un risque lié à l’eau et l’humidité dans l’isolation en paille ?

Comme pour les constructions en terre crue, de « bonnes bottes » et un « bon chapeau »,   sont nécessaires pour protéger l’ouvrage de l’eau et des intempéries, c’est à dire la réalisation d’un soubassement et d’un débord de toiture adéquats

Les bardages, les enduits, le bois et le verre des fenêtres constituent également le « manteau » des bâtiments en paille, pour une bonne durabilité de la construction.

Il est recommandé d’éviter la présence de toute jonction de réseaux d’eau dans les murs en paille. En effet, les fuites éventuelles ont souvent lieu au niveau des jonctions et non des tuyaux, sauf si ces derniers sont perforés.

Les risques de moisissures sont extrêmement faibles si les éléments en paille sont correctement installés et que l’on garantit une humidité relative inférieure à 15% dans les murs. Pour vous en convaincre il suffit de regarder les bâtiments en paille construits en France au cours du 20e siècle, comme la maison Feuillette : ils sont aujourd’hui encore très bien conservés !

En conclusion, en vous appuyant sur les règles professionnelles de la construction paille et en étant accompagné par des professionnels formés à la construction paille, le bâtiment en paille que vous construirez sera durable et sans risque !

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